Mon frère est mort cette semaine. Il avait entrepris une bataille féroce contre le cancer, mais c'est son coeur qui, finalement, a eu le dernier mot. Je ne sais pas ce qui m’attriste le plus… entre le fait qu’il n’est plus là ou le fait que je sais que sa vie n’a pas toujours été facile et que j’aurais souhaité pour lui qu’il puisse être libéré de tout ce qui l’empêchait d’être véritablement heureux.
Nous venons tous au monde – ou plutôt devrais-je dire – nous grandissons tous avec un fardeau que certains d’entre nous porteront toute leur vie alors que d’autres, plus chanceux ou plus audacieux, arriveront à trouver le moyen de s’en sortir et de voyager plus léger.
Je pense que mon frère avait compris plusieurs choses, si je me fie à notre dernière conversation sur le sens de la vie. Mais il lui en restait encore à intégrer, à digérer, et c’est probablement cela qui me peine le plus car ma perception de lui est qu’il a trop souvent voulu paraître bien aller en surface, mais qu’en était-il à l’intérieur?
Mon frère était une personne très attachante, qui avait un sens de l’humour particulier. En fait, c’était même souvent difficile pour lui de demeurer sérieux, et ce, même si la situation demandait à l’être. Et ça pouvait certainement être agaçant pour plusieurs, mais, encore là, c’est qu’il avait peur d’aller toucher à quelque chose à l’intérieur de lui qui lui semblait trop gros à gérer : ses émotions. Évidemment, personne n’était assez dupe pour ne pas savoir, pour ne pas comprendre, que ce mur qu’il essayait souvent de dresser entre lui et les gens… ça n’était qu’une façon de se protéger.
Ce qu’il manquait à mon frère pour l’aider à se sentir mieux, à sentir qu’il avait de la valeur, c’était l’amour. L’amour de soi parce que ça en prend une sacrée dose pour arriver à être heureux dans la vie si on considère tous les défis qui se dressent constamment sur notre route.
Mais je pense qu’à la fin, il y est arrivé… à mieux s’aimer.
J’ai l’impression qu’il réussissait de plus en plus à accepter sa fragilité, sa vulnérabilité; tout cela en étant aussi fort que possible parce que mon frère, nous l’avons tous vu, c’est un battant!
Si je vous dis toutes ces choses aujourd’hui, ça n’est pas pour que nous ayons encore plus de peine en pensant à sa mort, mais c’est justement pour nous rappeler à nous tous qui sommes ici, encore en vie, qu’il est important d’apprendre à gérer notre fardeau avant que celui-ci ne nous rende malade. Et, surtout, d’apprendre à mieux nous aimer.
Cela faisait partie de la quête de mon frère, Daniel. Et je suis fière de lui… mon frère, le battant!
Je rajouterais que la mort - celle des autres ou la nôtre à venir - est véritablement la seule chose qui arrive à aussi bien nous faire comprendre la valeur de la vie et le fait qu'il est important de tout faire pour que notre expérience terrestre en soit une qui nous élève et nous comble.
La mort nous donne même souvent le courage de faire ce qu'on ne se sentait pas capable de faire. C'est pourquoi je pense que, oui, il faut pleurer ceux qu'on aime et qui partent trop tôt, mais il faut surtout se servir de ces "départs" pour requestionner notre propre vie... pour redéfinir celle-ci.
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